Une initiative de la revue en ligne Panorama-cinéma, la 1ère Semaine de la critique de Montréal inaugure un rendez-vous annuel visant à créer un espace de découverte et de réflexion sur le cinéma. Ce festival non-compétitif met de l’avant des auteur∙rice∙s de la relève en s’appuyant sur les ramifications thématiques, politiques et formelles des œuvres choisies, par l’entremise de programmes doubles ou triples. Ces derniers sont pensés à la fois pour valoriser les œuvres entre elles, mais aussi pour encourager des visionnements inquisiteurs, à la recherche des idées sous-jacentes aux films, voire à l’ordre de leur présentation. 

En apparence  l’événement s’ouvre sur un cliché : la critique de cinéma serait trop difficile, élitiste, mécontente, désuète. Et pourtant elle est censée décrire les tendances, nommer les auteur∙rice∙s, agencer les œuvres afin de mieux les réfléchir, les rendre plus invitantes, mieux partageables. Partout les mêmes questions se posent sur les écosystèmes du streaming, sur les politiques festivalières, sur le financement des artistes, de la diffusion et des revues. Il semble alors que la critique doit plus que jamais trouver des manières de faire œuvre utile.

Il ressort de cette programmation un portrait foncièrement contestataire du monde, qui cherche à mettre de l’avant des œuvres sensibles, voire fragiles, qui partagent cette qualité critique avec colère et douceur égales. Ainsi ces films conjuguent les tensions du monde contemporain, ils travaillent à départager le vrai du faux, à confronter la guerre et les colonialismes, à canaliser la perte, saisir la mémoire et provoquer du lien autour de la création.

Une initiative de la revue en ligne Panorama-cinéma, la 1ère Semaine de la critique de Montréal inaugure un rendez-vous annuel visant à créer un espace de découverte et de réflexion sur le cinéma. Ce festival non-compétitif met de l’avant des auteur∙rice∙s de la relève en s’appuyant sur les ramifications thématiques, politiques et formelles des œuvres choisies, par l’entremise de programmes doubles ou triples. Ces derniers sont pensés à la fois pour valoriser les œuvres entre elles, mais aussi pour encourager des visionnements inquisiteurs, à la recherche des idées sous-jacentes aux films, voire à l’ordre de leur présentation. 

En apparence  l’événement s’ouvre sur un cliché : la critique de cinéma serait trop difficile, élitiste, mécontente, désuète. Et pourtant elle est censée décrire les tendances, nommer les auteur∙rice∙s, agencer les œuvres afin de mieux les réfléchir, les rendre plus invitantes, mieux partageables. Partout les mêmes questions se posent sur les écosystèmes du streaming, sur les politiques festivalières, sur le financement des artistes, de la diffusion et des revues. Il semble alors que la critique doit plus que jamais trouver des manières de faire œuvre utile.

Il ressort de cette programmation un portrait foncièrement contestataire du monde, qui cherche à mettre de l’avant des œuvres sensibles, voire fragiles, qui partagent cette qualité critique avec colère et douceur égales. Ainsi ces films conjuguent les tensions du monde contemporain, ils travaillent à départager le vrai du faux, à confronter la guerre et les colonialismes, à canaliser la perte, saisir la mémoire et provoquer du lien autour de la création.

Lundi 13 janvier 2025

HORS-PISTE

Cinémathèque québécoise

19h00 :Twilight
(19h20) :Un homme imaginé
(20h30) :Two Cuckolds Go Swimming

Le monde est petit dans les confins de la normalité. Mais les franges s’étendent à perte de vue, et il ne manque parfois qu’une main tendue pour s’y aventurer, pour découvrir les beautés insolites qui se cachent de l’autre côté des rails. Dans ce programme dédié à l’art de recentrer les marginalités, quatre cinéastes se laissent guider par les fils d’Ariane tendus par des individus singuliers (promeneurs, sans-abris et actrices porno) qu’on croirait perdus dans des espaces inhospitaliers qu’ils naviguent pourtant avec une aisance inusitée. Laissez-vous porter à leur suite dans des lieux cathartiques aux allures presque familières, entre le béton et la nature, entre la solitude et l’amitié, entre l’errance et la liberté, entre le rêve et la domesticité, dans une forêt coréenne fantomatique, une Montréal hallucinée et un Cap Breton paumé, qui tour à tour s’imposent comme des personnages, des univers, à part entière.

Twilight
Park Sye-young

17 minutes, Corée du Sud, 2024
Coréen, sous-titres anglais
Première internationale

Un homme et son chien parcourent la forêt à la recherche d’une inaccessible lumière qui ne brille qu’au crépuscule. Un pur élan de cinéma tourné en famille par Park Sye-young.

Avec Park Yoon-man, Sarangee

Festivals : Jeonju 2024

Un homme imaginé
Melanie Shatzky, Brian M. Cassidy

62 minutes, Québec, 2024
Anglais, sous-titres français
Première québécoise

Un homme imaginé brosse le portrait intime de Lloyd, 67 ans, un homme atteint de schizophrénie qui subsiste au milieu des détritus et de la décrépitude urbaine. Tournée à Montréal, cette fable documentaire suit le parcours d’un homme qui survit dans la rue depuis des décennies, résistant à des hivers rigoureux et des étés torrides, alors qu’il vend des rebuts aux automobilistes, dort dans des décharges et s’abandonne à des rêveries quasi psychédéliques. Melanie Shatzky et Brian M. Cassidy dévoilent l’ampleur de leur talent, à l’avant-garde du portrait documentaire.

Festivals : IFFR 2024, DOXA 2024, Calgary International Film Festival 2024

Two Cuckolds Go Swimming
Winston DeGiobbi

82 minutes, Canada, 2025
Version originale anglaise
Première mondiale

Molly Chambers, une jeune actrice pornographique, retourne à Cap Breton pour y visiter sa mère, une chanteuse dans un petit band local. Ce périple, déjà émotionnellement ardu, est davantage chamboulé par la présence étrange de Sunshine, ex-copain d’une ancienne vie, qui séjourne dans la chambre d’enfance de Molly. Une panoplie de personnages issus de son passé forcent l’actrice à examiner son attachement au bercail, au fil d’un récit fragmenté, qui tangue entre son austérité débrouillarde et son onirisme anxiogène, voire hallucinatoire.

Avec Deragh Campbell, Stephen Melanson, Casey Spidle, Lindsay McMullin, Mickey Hogan

Mardi 14 janvier 2025

CHRONIQUES D’UNE MORT ANNONCÉE

Cinémathèque québécoise

19h00 :Super Happy Forever
(20h45) :Louis Riel, ou Le ciel touche la terre
(22h15) :Now He Is in the Truth

Les temporalités de la mort se superposent adroitement dans ce programme candide sur le thème du deuil. Deuil d’un amour, deuil de soi, deuil de l’écosystème, il s’agit toujours d’un processus créatif pour les personnages, qui face à l’idée de finitude s’accrochent à des formes de survivance tantôt lyriques, tantôt épiques. La quête d’un vêtement perdu devient l’occasion de raviver la mémoire d’une épouse décédée et l’autofiction épistolaire la clef des champs pour un condamné à mort, tandis qu’une balade nocturne dans la campagne cubaine nous donne à voir les fantômes du progrès. L’avant et l’après du trépas se superposent dans des dynamiques mnémoniques où l’histoire personnelle recoupe l’histoire nationale, où la noirceur goudronneuse est frappée de lumière salutaire, où le prosaïsme de l’existence terrestre s’épanche dans la candeur de la foi, et où la beauté de la nature s’érige triomphalement en arrière-plan pour nous rappeler qu’il n’y a finalement rien dans la mort que le renouveau et la pérennité.

Super Happy Forever
Kohei Igarashi

94 minutes, Japon / France, 2024
Japonais, sous-titres anglais
Première québécoise

En visite dans un hôtel de villégiature avec son ami d’enfance Miyata, Sano tente de retrouver la casquette oubliée cinq ans plus tôt par son épouse, désormais décédée. Il en profite pour revenir sur les différents lieux de leur amour naissant dans un processus de deuil difficile, mais cathartique qui fait la part belle à la tradition humaniste du cinéma japonais. Le réalisateur Kohei Igarashi nous offre pour l’occasion un mélodrame de station balnéaire impeccable, où la douce amertume de Sato se déploie par une honnêteté émotionnelle salutaire à travers un sens aigu de la mise en scène et un montage capable de tresser ensemble les temporalités de l’amour et du deuil.

Avec Hiroki Sano, Yoshinori Miyata, Nairu Yamamoto, Hoang Nhu Quynh

Festivals : Giornate degli Autori 2024, San Sebastian 2024, Busan 2024

Louis Riel, ou Le ciel touche la terre
Matias Meyer

83 minutes, Québec / Mexique, 2024
Français et anglais
Première canadienne

Les jours sont comptés pour le chef métis Louis Riel qui, à l’issue de son procès pour haute trahison, se retrouve emprisonné dans une cellule en attente de son exécution. C’est là que débute l’échange épistolaire qui constitue le matériau central du nouveau film de Matias Meyer, qui observe et incarne ici cette figure incontournable de l’histoire canadienne avec un doigté tout à fait bressonien. La caméra observe longuement la main au travail, tandis que l’imaginaire se déploie hors les murs du cachot vers des paysages naturels et oniriques qui semblent émaner de l’exemplaire piété de Riel lui-même, où le ciel touche la terre.

Avec Matias Meyer, Marc Antoun, Nicolas Lebrun, Julien Francoeur, Gaetano Frangella, Alina Meyer

Festivals : FICUNAM 2024

Now He Is in the Truth
Roberto Tarazona

11 minutes, Cuba, 2025
Espagnol, sous-titres anglais
Première mondiale

La caméra déambule de nuit dans la campagne cubaine, qui pour l’occasion revêt des airs de limbes bercées par des voix fantomatiques qui nous parlent du goût perdu des ouaouarons frits, tandis que la lumière aveuglante de la foi peine à éclairer une paysannerie évanescente, un écho sans cesse reporté.

Avec Marco Ismael Ramírez Carrión, María Josefa Martínez Chávez « Guachi », Miguel Martínez Chávez, Rolando Masso Martí

Mercredi 15 janvier 2025

ALBUMS DE FAMILLE

Cinéma Moderne

19h00 :Lost Chapters
(20h20) :Merman
(21h45) :UNDR

Le cinéma, davantage qu’un simple paysage onirique, se dresse comme le repère de la mémoire. Dans ce programme, trois films imaginent les archives de façons connexes. De quoi est constituée une histoire familiale ? Est-elle simplement visible dans les sources primaires et documentaires ou peut-on la mesurer par la part d’invisible qu’elle évoque ? Et qu’en est-il de l’environnement ? Le contour d’une montagne peut-il nous renseigner sur les peuples qui vivent et ont vécu sur cette terre ? Qu’arrive-t-il à nos souvenirs lorsque ses archives sont brûlées ou bombardées ? Qu’arrive-t-il aux gens qui s’y trouvent ? Ces trois approches radicales demandent au public d’imaginer les différentes façons dont l’acte du souvenir permet la construction du monde à l’écran.

Lost Chapters
Lorena Alvarado

67 minutes, Venezuela / États-Unis, 2024
Espagnol, sous-titres anglais
Première nord-américaine

Ena rentre au Venezuela après des années passées à l’étranger. Elle y retrouve sa grand-mère, dont la psyché s’effrite, ainsi que son père qui débusque les marchands de livres rares pour tenter de sauver l’héritage littéraire du pays. Quand Ena découvre une mystérieuse carte postale dans un de ses livres, elle se lance dans un périple à travers Caracas pour y retrouver un écrivain oublié. Une balade familiale et un premier film splendide qui évoque à la fois l’intimité d’Akerman et les labyrinthes de Borges.

Avec Ena Alvarado, Ignacio Alvarado, Adela Rodríguez

Festivals : Locarno 2024, FIDMarseille 2024

Merman
Ana Lungu

85 minutes, Roumanie, 2024
Roumain, sous-titres anglais
Première nord-américaine

Une voix de femme interroge le regard masculin dans ce documentaire d’archives d’Ana Lungu qui s’intéresse à trois hommes roumains entre la Seconde Guerre mondiale et la Révolution de 1989 : un ingénieur qui filme sa fille, un professeur de musique qui immortalise sa famille et un aristocrate qui documente un été passé avec sa femme durant la guerre. Au fil d’un portrait obsessionnel de personnages tous aussi obsessionnels, Merman instigue le « male gaze » inextricable à la vie dans un pays en proie au totalitarisme. Du même geste, Lungu documente les gestes quotidiens qu’effectuent les gens dans sa mire pour y échapper. 

Festivals : FIDMarseille 2024

UNDR
Kamal Aljafari

15 minutes, Palestine / Allemagne, 2024
Sans dialogue
Première canadienne

Dans ce complément à son récent long métrage A Fidai Film, Kamal Aljafari déploie des images d’archives qui montrent un paysage à la fois moderne et ancien, imaginé mais tristement réel, où les fermiers au travail et les enfants au jeu sont interrompus par le dynamitage incessant du paysage, visant à refaçonner le territoire et à s’approprier l’histoire de la Palestine.

Festivals : IFFR 2024, Karlovy Vary 2024, BFI London 2024

Jeudi 16 janvier 2025

NATURE MORTE

Cinéma Moderne

19h00 :Base Station
(20h20) :Sept promenades avec Mark Brown

Dur de s’intéresser à la question écologique sans revendiquer une relation symbiotique entre l’être humain et son écosystème, non seulement à titre d’habitant du territoire, mais de penseur et d’artiste. Voici l’objectif de ce programme qui nous convie à une longue balade en nature en compagnie de ses réfugiés comme de ses admirateurs, mais qui s’intéresse aussi à la représentation technique de ses humeurs. D’une organicité numérique qui peut paraître paradoxale, la mise en scène des deux films cadre soigneusement la végétation en tant que lieu de vie aux ambiances changeantes, espace de contemplation au même titre que site de paranoïa dévorante. D’où l’articulation d’un double lyrisme, a priori contradictoire, qui s’applique à la fois aux protagonistes, sujets, cinéastes et leur environnement, ce dernier pensé comme un personnage entravé par la technologie auquel l’objectif tente de restituer sa grandeur perdue.

Base Station
Park Sye-young, Yeon Ye-ji

67 minutes, Corée du Sud, 2024
Coréen, sous-titres anglais
Première internationale

Dans un futur proche, Eden et son frère cadet Hyunho se réfugient dans les montagnes pour éviter toutes fréquences électromagnétiques qu’ils considèrent néfastes à leur santé. Lorsque la jeune femme croise deux ingénieurs et un chasseur venus installer un nouveau réseau de télécommunication dans la forêt, le film passe imperceptiblement du registre paranoïaque vers celui du thriller horrifique. Réalisation co-signée par Yeon Ye-ji et Park Sye-young (Twilight), voici une véritable leçon de mise en scène à la fois claustrophobe et lumineuse.

Avec Yeon Ye-ji, Woo Yo-han, Lim Young-woo

Festivals : BIFAN 2024

Sept promenades avec Mark Brown
Pierre Creton, Vincent Barré

104 minutes, France, 2024
Français, sous-titres anglais
Première québécoise

Dans ce diptyque documentant deux projets emboîtés, les cinéastes Pierre Creton et Vincent Barré (L’Arc d’iris, souvenir d’un jardin; Un prince) renouent avec l’univers des plantes et des fleurs en suivant le paléobotaniste Mark Brown dans son ambition de récréer une forêt primordiale en Normandie. Journal de tournage divisé en sept promenades où se déploie avec candeur le riche univers des cinéastes — la camaraderie intrinsèque à leur démarche de même que leur amour pour leur sujet — le tout mène à un suspense insoupçonné, en anticipation du film en chantier : l’herbier primordial de Mark Brown lui-même, capturé avec soin sur une pellicule 16mm chaleureuse et veloutée.

Avec Mark Brown, Antoine Pirotte, Sophie Roger, Pierre Creton, Vincent Barré

Festivals : FIDMarseille 2024, NYFF 2024

Vendredi 17 janvier 2025

AU CRÉPUSCULE

Cinéma Moderne

19h00 :Taman-Taman (Park)
(20h40) :Let the Red Moon Burn
(21h00) :Eephus

C’est au crépuscule que les passions atteignent leur paroxysme; alors que la lumière s’étiole, le sentiment d’urgence s’accentue, et les rituels prennent un sens nouveau, impératif. Ce programme s’intéresse à une série de dévots, attachés à des traditions évanescentes, qui pratiquent leur art sous le couvert de la nuit, comme autant de secrets bien gardés que la caméra révèle avec une infinie perspicacité. Deux poètes indonésiens discutent avec sagacité de la situation des travailleurs migrants à Taïwan, tandis que des danseurs traditionnels bulgares s’évertuent sous la lune et que deux équipes de baseball amateur se réunissent pour un dernier match sur un terrain condamné de la Nouvelle-Angleterre. C’est l’occasion de découvrir des camaraderies inusitées, forgées dans le feu sacré de l’exercice cérémoniel, mais surtout d’admirer la mise en scène sensible des gestes, des humeurs et de la lumière déclinante qui baigne les êtres d’une aura presque mystique.

Taman-Taman (Park)
So Yo-Hen

100 minutes, Taïwan, 2024
Indonésien, sous-titres anglais
Première nord-américaine

Deux poètes indonésiens se rencontrent au parc Tainan et profitent de la journée pour faire de la poésie. Inspiré par leur rencontre et leur conversation, le fruit de leur labeur prend vie la nuit sous la forme de chants, de gestes et de récits racontés au clair de lune. À mesure que s’écoule le temps, ils interrogent le projet qu’ils sont en train de tourner au fil d’un épatant film d’observation où se mélangent la déambulation nocturne, l’importance de ralentir et l’art de la parole — la beauté du bahasa qui donne voix aux travailleurs étrangers établis à Taïwan.

Avec Asri Jalal, Hasan Basri Maulana Firmansyah

Festivals : SGIFF 2024, Taiwan International Documentary Festival 2024

Let the Red Moon Burn
Ralitsa Doncheva

7 minutes, Canada / Bulgarie, 2023
Sans dialogue

Chaque mois d’août, des milliers de personnes se rassemblent dans le village bulgare de Zheravna pour célébrer la Fête du costume national. En habits traditionnels, ils et elles chantent et dansent à la lumière de la pleine lune au son de la cornemuse.

Festivals : RIDM 2023, DOXA 2024

Eephus
Carson Lund

98 minutes, États-Unis, 2024
Version originale anglaise
Première québécoise

La construction d’une école sur le terrain de baseball d’une petite communauté de la Nouvelle-Angleterre est imminente. Deux équipes d’une ligue de garage s’y affrontent lors d’une dernière journée remplie de gentilles pitreries. Les casques, les canettes de bière, les railleries et les balles courbes volent de toutes parts dans cette ode empathique et somptueusement photographiée à la passion dévorante qui unit les sportifs du dimanche. Puis, à la tombée du jour, Carson Lund, directeur photo-devenu-réalisateur, déploie tout son art de la lumière dans un hommage senti au dévouement de ses personnages pour l’art de la balle.

Avec Keith William Richards, Frederick Wiseman, Cliff Blake, Ray Hryb, Bill Lee, Stephen Radochia, David Pridemore, Keith Poulson

Festivals : Quinzaine des cinéastes 2024, NYFF 2024

Samedi 18 janvier 2025

TERRITOIRE(S) OCCUPÉ(S)

Cinéma Moderne

16h30 :Fujiyama Cotton
18h30 :Mémoire fertile
20h30 :Spiders Web

Prendre soin des fleurs, élever les enfants, écrire, piétiner furieusement le trottoir. Articulé en trois mouvements distincts, mais complémentaires, ce programme se penche sur la question du territoire et de celles et ceux qui y existent et y résistent au quotidien. Face à l’impossibilité de résoudre les crises et les génocides par l’entremise des images, nous interrogeons le potentiel de leurs affects : ce qu’elles recueillent de vital au fil du temps et des sensibilités, ce qu’elles expriment sur ces vies longtemps réprimées, criminalisées ou rendues invisibles; ce qu’elles contiennent de douceurs et d’éclats de colère de même que ce qu’elles expriment comme désir d’enracinement et de dignité — et la façon dont ces vœux s’expriment dans les interstices du cinéma documentaire, entre l’accablant du réel et le baume de l’imaginaire.

* Exceptionnellement, les films du samedi seront présentés individuellement au coût de 15$ par projection, de sorte que les boutons vers la billetterie apparaissent à la suite de chacun des synopsis.

Fujiyama Cotton
Taku Aoyagi

95 minutes, Japon, 2024
Japonais, sous-titres anglais
Première internationale

Dégoûté par le massacre eugéniste et capacitiste de Sagamihara en 2016, le documentariste émergent Taku Aoyagi offre un film rayonnant sur Mirai Farm, un centre d’aide sociale qu’il fréquentait durant son enfance à Yamanashi, ville sise à l’ombre du mont Fuji. De geste en geste, Aoyagi nous présente les différents individus qui travaillent à Mirai, de même que leurs talents et personnalités distinctes. Il arrive ainsi à construire un documentaire exemplaire sur la vie avec un handicap, qui ne fait pas des personnes filmées des « sujets », mais plutôt des amis avec qui occuper l’espace qui est le leur, aux côtés de celles et ceux qui en prennent soin et qui nous encouragent à voir le monde avec bienveillance.

Mémoire fertile
Michel Khleifi

99 minutes, Palestine / Belgique, 1980
Arabe, sous-titres anglais

Écrit en 1978, Mémoire fertile est le premier film tourné par un réalisateur palestinien à l’intérieur des frontières de la Cisjordanie. Ni documentaire, ni fiction, Michel Khleifi filme plutôt la vie de deux femmes qui résistent à leurs façons : Farah Hatoum, une veuve qui espère encore récupérer ses terres expropriées par Israël en 1948, puis Sahar Khalifa, romancière palestinienne (Chronique du figuier barbare; La foi des tournesols; L’impasse de Bab Essaha) fièrement établie en territoire occupé. Face à ce contraste entre mère et intellectuelle, domesticité et discursivité, Khleifi capture des images essentielles de la vie palestinienne, de même que le point commun de toute existence sous apartheid : une quête de liberté et de dignité.

Avec Farah Hatoum et Sahar Khalifa

Festivals : Semaine de la critique de Cannes 1981

Spiders Web
Frank « Spider » Dunsten, Ben Roberts, Oliver Roberts

65 minutes, Canada, 2024
Version originale anglaise
Première québécoise


Spider est un Torontois de 56 ans qui risque de retourner en prison pour un assaut commis lors d’une soirée bien arrosée dont il ne garde aucun souvenir. Son dernier espoir est de retrouver Cougar, la femme qui l’accompagnait, et de faire valoir son agression comme un geste chevaleresque. S’ensuit une quête personnelle à travers les quartiers déliquescents de la Ville Reine, à la rencontre de personnages excentriques, de stigmates passés et d’autant de rêves brisés. Un drame social gonzo, teinté d’humour noir, produit pour le prix des quelques bières qu’ingurgite à l’écran le protagoniste délicieusement contestataire de ce récit aussi revendicateur que fauché.

Avec Frank Dunsten, Oliver Roberts, Jake Cote, Aurora Shields, Brian Joseph Chakasim

Festivals : Bleeding Edge 2024

Dimanche 19 janvier 2025

OÙ EST LA MAISON DE MON AMI?

Cinémathèque québécoise

17h00 :Une langue universelle
(18h30) :A Shrine

Nous empruntons à Kiarostami le titre de son film pour le prendre au pied de la lettre, tant ces deux films nous apparaissent comme des mains tendues les unes vers les autres. D’une part, la quête de soi dans un Canada alternatif où la langue révèle à elle seule l’étendue absurde de nos soi-disantes solitudes. D’autre part, le geste d’un cinéaste expatrié qui s’empare des outils qui sont les siens afin de tendre une perche et de rejoindre sa communauté éparpillée aux quatre vents d’une nouvelle lande hivernale sans foi ni loi. Deux films posés en miroir où l’on se perd pour mieux se retrouver, en passant par le Tim Hortons pour se ressourcer autour d’un café, où la langue se délie et vient confronter les monolinguismes, où il est question d’interroger l’identité et l’aliénation par l’entremise d’une balade et du potentiel comique, doux-amer, du regret.

Une langue universelle
Matthew Rankin

89 minutes, Québec, 2024
Français et persan

C’est l’hiver dans un Canada alternatif où la langue courante est le persan. Les enfants Negin et Nazgol trouvent un gros billet de 500 riels prisonnier dans la glace et avec lui la promesse de chaussettes plus chaudes. En parallèle, le guide touristique Massoud entreprend une visite de plus en plus absurde des monuments et sites historiques de la ville de Winnipeg afin d’entretenir la promesse d’une histoire nationale à découvrir. Matthew Rankin, quant à lui, quitte son emploi au gouvernement du Québec pour entreprendre un mystérieux retour au bercail afin de rendre visite à sa mère en suivant la promesse d’une réconciliation familiale. La géographie et les identités culturelles s’entrecroisent et se mélangent dans cette comédie surréaliste et référentielle, située à mi-chemin entre Kiarostami et Tati, mais qui se déploie comme seul Rankin sait le faire : dans un mélange fait de la drôlerie et de l’amertume des plus belles désillusions.

Avec Rojina Esmaeili, Saba Vahedyousefi, Matthew Rankin, Pirouz Nemati, Mani Soleymanlou

Festivals : Quinzaine des cinéastes 2024, TIFF 2024

A Shrine
Abdolreza Kahani

82 minutes, Québec / Iran / France, 2024
Persan et anglais, sous-titres anglais
Première nord-américaine

Influencé par un ami, Nima, un mécanicien au mal de dos de plus en plus gênant, se lance religieusement en affaires. Son idée ? Construire un autel de bouts de bois bénis et importés d’Iran afin de prendre la route sur les pourtours de Montréal et des Laurentides pour recueillir des dons. Tourné avec très peu de moyens, A Shrine est le fruit d’un cinéaste-orchestre muni d’un simple téléphone intelligent, dirigeant une distribution non-professionnelle et tournant complètement à l’extérieur du système de production québécois. Cette comédie dramatique d’Abdolreza Kahani propose pourtant un regard original, rusé et inattendu sur la diaspora iranienne du Québec à travers un personnage délicieusement pathétique, écartelé entre opportunisme et moralité, entre le ciel des idées et la terre des contraintes.

Avec Nima Sadr, Farhad Zarei, Kamelia Simab, Keyvan Safari, Masoud Motehaver

Festivals : Édimbourg 2024

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